Encore un bouquin formidable. Formidable parce que l’on ne voit pas ce qui pourrait arrêter la folie meurtrière du tueur en série qui sévit dans le Londres des années 1880. Parce que le récit file d’un rythme sûr, avec beaucoup de finesse et d’humour. On y croise Karl Marx, retraité, qui manque de peu de finir sous le couteau de John Cree (mais on comprendra finalement que ce n’est pas tout à fait cela).
Le récit se déroule à plusieurs voix. Il y a le journal intime de John Cree, journaliste puis auteur dramatique raté, mort par empoisonnement. Il y a les différentes étapes du procès d’Elizabeth, sa femme, suspectée d’avoir empoisonné son mari. Il y a le récit d’Elizabeth, depuis sa jeunesse jusqu’à la réalisation de son rêve : devenir artiste au côté de Dan Leno, qui a effectivement été un des plus grands acteurs comiques de la scène victorienne.
Le roman propose une plongée impressionnante dans le monde du spectacle de l’époque (auquel se sont aussi intéressés d’autres auteurs de romans policiers historiques, comme par exemple Peter Lovesey avec Abracadaver et Jean Stubbs avec Le Creuset magique). On y rit et on y pleure avec le public. On assiste à l’élaboration des numéros et à la recherche artistique de Leno et de ses proches.
On plonge aussi dans les profondeurs de la misère dans les quartiers populaires de Londres. Georges Gissing est un jeune écrivain que John Cree côtoie sans le connaître dans la salle de lecture du British Museum. Gissing a épousé une prostituée pour, espère-t-il, la sortir de sa condition sordide. Il enquête sur la condition des misérables à Londres, condition qu’il partage lui aussi. Gissing a réellement existé. Il a écrit de nombreux et sombres romans et une étude sur Dickens.
C’est également dans les profondeurs du mal que Le Golem de Londres nous précipite. John Cree raconte dans son journal intime comment il est conduit, dans une recherche soi disant métaphysique et artistique, à accomplir des meurtres qui annoncent ceux de Jack l’éventreur et qui sont tellement horribles qu’on les attribue à un monstre, le « Golem de Londres ».
Elisabeth a-t-elle découvert la vraie personnalité de son mari et l’a-t-elle assassiné pour cela ? La police qui enquête sur la mort de Cree va-t-elle faire le rapprochement avec les meurtres inexpliqués du « Golem », qui ont cessé au même moment ?
Du début à la révélation finale, le lecteur est tenu en haleine par la description hallucinante de la société victorienne que propose Peter Ackroyd, biographe de Charles Dickens.
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