Voici ce que « Moleskine » a écrit le 19 janvier sur son blog.
Merci Moleskine
Je lisais hier un ouvrage plutôt sympathique sur le roman policier historique, ses origines, ses raisons d’être et les motifs concourant à son succès grandissant. Une réflexion à propos de ce dernier thème m’a interpellée finalement bien plus aisément que ne l’eût fait un article de philosophie…
Comment s’expliquer ce brusque retour de flamme envers les choses du passé, qui ne va pas sans s’accompagner d’un soudain désamour pour l’anticipation ou la science-fiction, genres ayant eu leurs heures de gloire non seulement dans les trois premiers quarts du XXe siècle mais plus encore aux siècles précédents (je me réfère ici aussi bien au voyage dans la lune du vrai Cyrano qu’ aux romans d’aventure de Jules Verne, en passant par Orwell, Huxley, Herbert, Asimov, Bradbury et j’en passe)?
Un des auteurs de l’ouvrage, mais aussi certains des auteurs de roman interrogés dans celui-ci, semblaient y discerner une fuite de ce que réservait le futur, de la notion même de futur, en y opposant le goût prononcé et renouvelé pour l’anticipation en littérature et autres vecteurs fictionnels qu’avaient pu connaître nos grands-parents.
Cette fuite trouverait cette origine dans le doute que nous ressentons à l’égard de tout, sentiment très répandu à notre époque tant nous sommes écorchés par les rebondissements négatifs de l’existence. Mais ce doute, a-t-il d’autres sources qu’un sentiment de désappointement face aux promesses de l’aube non tenues par nos journées?
Peut-être qu’à force d’imaginer l’an 2000 comme quelque chose de merveilleux, un nouvel âge d’or ouvrant à l’infini le champ des possibles, qu’en y projetant des visions fantasmées d’un mieux-vivre emprunt de technologies révolutionnaires et reprenant à son compte les rêves de nos ancêtres (le voyage démocratisé dans la lune de Cyrano ou de Verne n’est certainement pas pour demain), nous avons usé notre jouet…
L’an 2000 fut donc l’âge de la Grande Déception.
Aucune avancée technologique majeure marquant une réelle rupture avec les temps d’avant…
De peur d’être de nouveau déçus en rêvant notre avenir, sans doute préférons-nous le réconfort d’un passé toujours vu comme un âge d’or – réflexe si humain – et offrant la sécurité d’un monde établi et connu, tout en gardant sa part de mystères aux yeux du plus grand nombre.
Nous ne sommes pas si lâches face à l’avenir que volontairement oublieux du courage dont il est nécessaire de se doter pour imaginer, envisager et attendre l’avenir. Et j’omets le courage qu’il nous faudra nécessairement pour le vivre.
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