Comme le monastère cher à Umberto Eco (Le Nom de la rose) ou d’autres lieux clos chers aux auteurs de romans à énigme, le Familistère de Guise et son ambiance spéciale est un cadre exceptionnel pour une enquête policière. Régis Hautière, qui connaît la région, a choisi d’y situer l’intrigue de l’album De briques et de sang qu’il a signé en octobre 2010 chez Casterman avec, au pinceau, David François. Une intrigue longue (près de 150 pages) mais sans temps mort.
Janvier-février 1914 : deux cadavres sont retrouvés dans ce phalanstère de l’Aisne créé par le philanthrope Godin au XIXe siècle1. La police a vite fait de trouver un soi disant coupable, un vagabond étranger au Familistère. Mais Victor Leblanc, journaliste à L’Humanité de Jaurès, et Ada Volsheim, fille d’un familistérien, ne croient pas qu’il s’agisse de l’assassin. D’autant plus qu’ils découvrent que deux autres décès apparemment accidentels sont en réalité le résultat d’un empoisonnement. Ils comprennent bientôt que les différentes victimes faisaient partie d’un « conseil de gérance » du Familistère qui s’est réuni en 1911. D’autres meurtres sont encore à craindre. Victor convainct la police de renforcer sa surveillance, ce qui n’empêche pas un nouveau crime. Et Léon Leutellier, un administrateur du Familistère, est retrouvé pendu…
La vie ne semble pas si joyeuse que cela au Familistère en ces semaines qui précèdent la guerre. Le ciel est sombre, les gens s’observent et se taisent. Tous ne semblent pas pressés que la vérité se fasse jour. Une aide inespérée permettra cependant de découvrir le meurtrier.
Tout cela donne envie à la fois de revoir Victor et Ada dans une autre enquête et de mieux connaître l’aventure humaine, économique et sociale du Familistère de Guise. De briques et de sang donne un aperçu envoûtant de son histoire et de la diversité des hommes et des femmes qui s’y sont retrouvés (Leutellier, le patron social, Volsheim, le père d’Ada, communiste, etc.).
1Pour ceux qui auraient raté – et ils sont nombreux – le magnifique supplément du quotidien Libération du 30 septembre 2010 consacré au Familistère, on peut aussi se reporter à www.familistere.com et aux deux articles de David Delannoy sur www.terresdecrivains.com/A-Guise-1
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